Nicolas II

Publié le par Lionel Breux

Nicolas II.

 

Hélène Carrère d’Encausse commence sa biographie par un retour sur l’héritage qu’ont laissé les tsars précédents à Nicolas II. Elle évoque ainsi les grandes réformes d’Alexandre II et d’Alexandre III : émancipation de la paysannerie, la révolution judiciaire, l’armée de conscription, les réformes dans le domaine de l’éducation et dans le domaine économique, l’expansion territoriale achevée. Elle montre aussi comment, après l’assassinat d’Alexandre II le 11 mars 1881, son fils, Alexandre III, abandonne toutes les réformes et met en place des mesures répressives. Pour autant, Alexandre III cherche à moderniser la Russie, notamment dans le domaine économique.

 

L’auteur s’intéresse ensuite à la jeunesse de Nicolas II. Ce dernier naît le 6 mai 1868. Il reçut une éducation classique. Il maîtrisait l’anglais, l’allemand et le français. Excellent danseur, il aimait aussi beaucoup la chasse. Par contre, son père ne l’avait pas du tout préparé à son futur métier de tsar. Il a 19 ans quand son père le fait colonel d’un escadron de garde à cheval et il aime la vie militaire. Pour autant, à aucun moment, Nicolas II n’est associé au pouvoir. En 1890, lors d’un voyage à travers tout l’Orient, un jeune japonais tente de l’assassiner à coup de sabre.

 

En 1894, Nicolas II se fiance avec Alix de Hesse Darmstadt, petite-fille de la reine Victoria. Le 20 octobre 1894, Alexandre III meurt ; le 14 novembre, Nicolas II se marie avec Alix. Il nomme ensuite comme ministre de l’économie Witte, qui lance une politique nationale de développement économique. En 1897, il introduit l’étalon or en Russie. Il cherche aussi à adapter la société au progrès. Face à la montée des protestations étudiantes à la fin du XIXe siècle, Nicolas II se cramponne au principe de l’autocratie. En 1904, après dix ans de mariage, après la naissance de quatre filles, l’empereur aura enfin un héritier.

 

Le 9 avril 1904, sans avertissement ni déclaration de guerre, les japonais attaquent la flotte russe dans la rade de Port Arthur et lui infligent d’importants dégâts. Rapidement, les troupes russes sont défaites tant sur mer que sur terre. Une conférence de paix est organisée à Portsmouth, aux Etats-Unis, par Théodore Roosevelt.

 

Hélène Carrère d’Encausse s’intéresse ensuite au « Dimanche rouge », qui est révélateur de l’état de la Russie. Le 9 janvier 1905, une foule manifeste dans les rues de Saint Pétersbourg. La troupe tire et des centaines de personnes sont tuées. Afin d’enrayer le cours de la révolution, Nicolas II signe le 18 février 1905 trois documents qui constituent, pour lui, la charte des temps nouveaux : c’est le Manifeste de février. Le manifeste du 6 août institue une douma qui doit être élue, non pas au suffrage universel, mais au terme d’un scrutin par ordre. Il ne s’agit pas d’une assemblée législative, mais d’un organe consultatif dérivé de pouvoirs propres. Cependant, avec le manifeste du 17 octobre 1905, la Russie entre dans une période de réformes. Il posait trois principes : libertés individuelles, progrès du suffrage universel, vote des lois par la douma. En avril 1906, Nicolas II obtient auprès des français un prêt de 850 millions de roubles. Après l’intermède de Goremykine, remplaçant de Witte en avril 1906, c’est Stolypine qui est nommé la même année à la tête du gouvernement. Celui-ci tente de mettre en place des réformes qui s’avèrent rapidement très contestées. Il est assassiné le 1er septembre 1911.

 

L’auteur s’intéresse ensuite aux années fatales pour Nicolas II, jusqu’en 1914. L’héritier était né en 1904. Mais le jeune Alexis allait naître hémophile. Rapidement, l’impératrice s’enferme dans une sorte de mysticisme et s’enticha de toute une série de guérisseurs, charlatans, idiots du village. Raspoutine occupe une place à part dans la vie des souverains.

 

C’est dans une atmosphère de ferveur populaire que la Russie entre en guerre en août 1914. Mais, face aux revers subis par l’armée pendant la première année des combats, le tsar décide, le 15 août 1915, de prendre lui-même la direction de l’armée. L’Allemagne, pour obtenir une victoire rapide en Russie, cherche à faire éclater l’Empire en jouant sur les nationalités. Au cours de l’année 1916, la Russie est frappée par un mécontentement général, à la suite des différentes pénuries. Dans l’armée aussi, les premières contestations font leur apparition. L’affolement gagne alors la cour. Certains membres de la famille royale s’alarme de la situation et cherchent à raisonner le tsar et la tsarine, surtout de les séparer de l’influence de Raspoutine. Faute d’y arriver, ils décident d’assassiner Raspoutine.

 

Hélène Carrère d’Encausse explique enfin les raisons du mécontentement de la population russe : hausse des denrées alimentaires (le pain augmente de 15%, le lait de 40%, les saucisses de 50%). Le 21 février 1917, des émeutes éclatent à Petrograd. Le 24 février, des grévistes, des ouvriers licenciés, des femmes, tous retournent dans les rues et attirent étudiants et bourgeois. Le 25, Nicolas II ordonne au général Khabalov de stopper les désordres. Les premiers coups de feu sont tirés le soir même, faisant de nombreuses victimes. Le 26, la foule est encore plus nombreuse que la veille, et des militaires se mutinent. Les troupes envoyées pour rétablir l’ordre se fondent dans la foule, les armes sont récupérées par les ouvriers. Le soir du 27, la révolution est en marche et nombre d’édifices publics sont en flammes. Désormais, les insurgés se tournent vers la douma. Un gouvernement provisoire est instauré, parallèlement à la mise en place d’un comité de soviet. Face à la pression de l’armée et de la douma, Nicolas II abdique en faveur de son fils dans la nuit du 1er au 2 mars. Cependant, face à la maladie de son fils, Nicolas II décide d’abdiquer pour lui-même et renonce à la couronne pour son fils, au profit de son frère Michel. Mais ce dernier décide lui aussi d’abdiquer. Ainsi, le 4 mars, la monarchie a cessé d’exister en Russie. Le 8 mars, Nicolas II est arrêté dans sa résidence de Tsarkoïe Selo et est ramené dans la capitale.

 

L’auteur s’intéresse enfin aux derniers mois des Romanov. Après le 10 mars, la révolution bourgeoise se met en place, et cherche avant tout à poursuivre la guerre. Mais le retour de Lénine va changer définitivement le cours de la révolution. Le 26 octobre, les bolcheviks s’emparent du pouvoir en Russie. Le même jour, Lénine se présente devant le congrès avec trois décrets : le premier décret institue un nouveau gouvernement provisoire ; les deux autres décrets règlent les problèmes de la paix et de la terre. Reste ensuite à régler le problème de la famille impériale. Celle-ci est d’abord envoyée en captivité à Tobolsk. Puis le gouvernement bolchevique décide d’emprisonner les Romanov à Ekaterinbourg. Dès lors, les conditions de détention se dégradent et, finalement, toute la famille impériale est assassinée le 16 juillet 1918.

 

Hélène Carrère d’Encausse conclut sa biographie en montrant que le règne de Nicolas II s’inscrit dans l’histoire longue de la modernisation de la Russie.

 

 

Hélène Carrère d’Encausse, Nicolas II. La transition interrompue. Editions Fayard : Paris, 1996. 552 pages.

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